QUE SONT-CE LE GENRE ET LE SEXE?
Le mot genre est la traduction du mot anglais gender. Ce terme est apparu pour la première fois en 1972 (dans un ouvrage d ’Ann Oaklay) et s’est progressivement répandu partir des années 80. Il propose de faire la distinction entre la dimension biologique (sexe) et la dimension culturelle (genre). Le genre permet ainsi de mettre en évidence le fait que : Les rôles « féminins » et « masculins » (ex : les femmes doivent s’occuper des tâches ménagères et des enfants, la politique ou la direction d’entreprises sont des domaines réservés aux hommes, etc…), ne sont pas déterminés à la naissance (caractères innés déterminés par la biologie) et voués à ne jamais changer… …mais sont attribués aux hommes et aux femmes par la société (rôles acquis / socialement construits : appris à l’école, au sein de la famille, etc) et peuvent donc évoluer différemment selon les situations sociales, économiques et culturelles où se trouvent les individus. SEXE GENRE Fait référence aux différences biologiques qui sont universelles « sexe biologique » Fait référence aux différences culturelles construites par la société, et qui varient selon le milieu social, le contexte culturel… / « sexe social » Caractère inné : défini à la naissance Caractère acquis : appris, non défini à la naissance Ne change généralement pas au cours du temps Peut changer au cours du temps Exemples : Seules les femmes peuvent mettre au monde un enfant Seuls les hommes ont de la barb Exemples : Le père et la mère peuvent donner le biberon a un enfant (il n’est pas déterminé « biologiquement que seules les femmes peuvent nourrir un enfant ») Les hommes et les femmes peuvent exercer des responsabilités politiques (il n’y a pas d’obstacle « physique », biologique à la participation des femmes en politique » Attention ! Genre n’est pas synonyme de femme ! Le genre ne désigne pas les femmes mais les relations entre les hommes et les femmes, puisqu’il fait référence aux différences sociales entres les femmes et les hommes. Rappels essentiels Le genre se distingue des caractéristiques déterminées biologiquement (liées au sexe) des hommes et des femmes. Il fait référence aux rôles et responsabilités construits par la société et attribués aux femmes et aux hommes dans une culture et un espace donné. Ils subissent l’influence des perceptions et des attentes découlant de facteurs culturels, politiques, environnementaux, économiques, sociaux et religieux, et aussi des coutumes, de la loi, de la classe sociale, de l’ethnicité et de préjugés individuels et institutionnels. Les attitudes et les comportements des genres sont appris et peuvent être modifiés, contrairement aux caractéristiques qui sont liées au sexe, définis à la naissance et qui ne peuvent pas changer. L’approche genre et développement se fonde sur les relations femmes / hommes que détermine la société et non plus sur les femmes en tant que groupe. L’approche est centrée sur les forces sociales, économiques, politiques et culturelles qui déterminent la façon dont les hommes et les femmes peuvent participer à un projet, en profiter et contrôler ses ressources et ses activités. Intégrer l’approche genre dans les projets de développement est une méthode d’intervention pour promouvoir un développement équitable. Elle consiste à favoriser une prise de conscience et à introduire des stratégies et des outils pour l’égalité entre les hommes et les femmes à travers l’intégration transversale du genre à plusieurs niveaux : dans les modes de fonctionnement des institutions, dans les compétences des personnels et à toutes les étapes de la gestion du cycle des projets ou des programmes. La prise en compte de l’égalité de genre est essentielle dans toute intervention de développement car : Elle est directement liée au développement durable ; Elle est un élément essentiel à la réalisation des droits humains de tous ; Elle permet aux femmes et aux hommes de jouir des mêmes opportunités, droits et obligations dans toutes les sphères de leur vie quotidienne ; Elle permet aux femmes et aux hommes d’avoir un accès égal à l’éducation, d’acquérir une indépendance financière, de partager les responsabilités familiales et d’être libres de toute forme de coercition, intimidation et violence ; Elle permet aux femmes et aux hommes d’être en mesure de prendre des décisions qui auront un impact positif sur leur santé et leur sécurité et sur celle des membres de leur famille. Le concept de genre est donc un concept social qui part du principe que les différences sexuelles propres ne constituent pas et ne justifient pas les inégalités entre les êtres sociaux. Seule la culture intervient en créant les identités pour chaque sexe et en élaborant les systèmes de genre. Les différences se transforment alors en inégalités. On peut observer dans toute société que les places occupées par les femmes et par les hommes et les rôles sociaux que les unes et les autres jouent ne sont pas seulement – et loin de là – le résultat de la différence physiologique entre les hommes et les femmes. Ils sont le résultat d’une longue construction collective. Les femmes et les hommes (les filles et les garçons) ont le plus souvent un statut différent au sein de la famille, dans la communauté et dans la société. Pour remplir leur rôle, ils utilisent des ressources différentes (naturelles, économiques, politiques et sociales). Il arrive que l'appartenance à un sexe ou l'autre empêche les individus de jouer le rôle qu'ils voudraient jouer et d'accéder aux ressources nécessaires à ce rôle. Les femmes en particulier, doivent surmonter des difficultés pour accéder à certaines ressources et/ou les contrôler. De plus, leur contribution sociale et économique est souvent sous-estimée. Il est donc important d’analyser « les relations de genre » dans le cadre des actions de développement ; cela revient à considérer la répartition et l'organisation des rôles, des responsabilités, des ressources et les valeurs attachées aux hommes ou aux femmes, afin d'identifier les différences et les inégalités qui les séparent et de déterminer leurs intérêts, possibilités, contraintes et besoins respectifs en terme de développement. Contrairement aux différences biologiques entre les sexes, les rapports sociaux de genre dépendent du contexte. Ils varient d'un pays à l'autre, d'une région à l'autre dans un même pays (différences entre la ville et la campagne, par ex.), mais aussi d'une famille à l'autre. Les rapports sociaux de genre ne sont pas figés. Même dans les cultures traditionnelles, ils évoluent avec la situation économique, juridique, politique ou environnementale. Certaines de ces évolutions sont voulues et favorisent l'égalité : nombre de pays ont par exemple entrepris d'éliminer toute discrimination entre les sexes dans leur législation. Il arrive aussi que des mesures soient prises pour perpétuer ou accroître les disparités (en Arabie Saoudite, les femmes n'ont ainsi pas le droit de conduire). Les changements ne sont pas toujours voulus et peuvent aller dans un sens ou dans l'autre : • Positifs : comme par exemple dans les zones franches du Bangladesh, où nombre de femmes travaillent (même si leur employeur ne se soucie que de ses intérêts économiques et n'a que faire du pouvoir social des femmes et si les conditions de travail sont souvent douteuses) tirant ainsi de leur activité un revenu monétaire non négligeable qui leur permet d'améliorer leur statut au sein de la famille. • Négatifs : comme par exemple dans certains pays de l'Est où la libéralisation des marchés a engendré un chômage élevé parmi les hommes qui, privés de leur place et de leur statut traditionnel à la tête de la famille, tendent à exprimer leur malaise et à affirmer leur masculinité en recourant à la violence domestique. Les rapports entre hommes et femmes évoluent souvent lentement, mais parfois aussi très vite : Au Rwanda, le génocide de 1994 et la disparition massive des hommes a donné aux femmes un nouveau statut et de nouvelles responsabilités. Au Maroc, dans certaines régions qui connaissent une très forte émigration masculine, les femmes sont amenées à assumer de nouvelles tâches et responsabilités (par exemple dans certaines oasis où une grande partie des hommes sont absents, les femmes doivent effectuer des tâches agricoles traditionnellement réservées aux hommes, comme le labour ou la pollinisation des palmiers-dattiers). Les rapports sociaux de genre sont croisés avec d'autres rapports sociaux. Les femmes ne sont pas toutes égales et les hommes ne sont pas tous égaux : l'âge, la classe sociale, l'appartenance ethnique, la religion déterminent également les activités et les responsabilités des femmes et des hommes, ainsi que leur statut, leurs chances et les contraintes auxquelles ils/elles doivent faire face. En Inde, une femme d'une caste élevée peut posséder un pouvoir plus grand qu'un homme d'une caste inférieure, tout en étant subordonnée aux hommes de sa propre caste. Les rapports sociaux de genre sont des rapports de pouvoir. Qu'elles soient privées (famille, mariage, etc.) ou publiques (religion, école, marché du travail, etc.), les institutions reflètent et contribuent à maintenir les rapports sociaux hommes-femmes. C'est pourquoi les tentatives visant à modifier ces rapports, en vue d'instaurer l'égalité, sont souvent perçues comme des menaces pour les «traditions» et pour la culture. S'il est difficile de gagner des batailles dans la promotion de l'égalité, il est extrêmement facile d'en perdre.D'innombrables sociétés de par le monde en appellent au retour des valeurs traditionnelles, y compris à la soumission des femmes, parce qu'elles se sentent «menacées» par des forces ou des idées «étrangères». Le genre est un concept récent en sciences sociales et en médecine dont on peut simplement appréhender le sens au travers des deux citations suivantes : « Le sexe, c'est ce que l'on voit, le genre, c'est ce que l'on ressent » Dr Harry Benjamin[réf. souhaitée] « Le genre, c'est ce que l'on pourrait appeler le "sexe social" » Christine Delphy[réf. souhaitée]